Quoi de plus frustrant et imprévu que d’être dans l’obligation de mettre entre parenthèse toutes les connaissances que l’on acquiert lors d’un stage ainsi que d’être contraint de quitter son lieu et pays de stage pour cause de crise sanitaire mondiale ?

Ceci n’est absolument pas ce que j’imaginais et c’est pourtant la tournure qu’a pris mon stage avec l’arrivée du COVID-19 en Espagne en mars dernier.

Ce n’est évidemment pas le scénario idéal et c’est surtout la crainte de tout stagiaire à l’étranger. Et pourtant cette année, en 2020, année de mon Master 1 en Traduction Spécialisée et Interprétation de Liaison, c’est ce que j’ai vécu.

Tout allait très bien, malgré un début de stage complexe marqué par des démarches administratives à n’en plus finir. Je m’étais bien intégrée dans l’équipe de Tatutrad et j’avais déjà pris des habitudes dans cette belle ville de Séville ; toute cette expérience en Espagne me plaisait beaucoup.

Les deux premiers mois de mon stage ont été marqués par le fait de me familiariser avec les outils, la gestion de projets et les différentes missions qui m’étaient confiées en tant que stagiaire (traductions, révisions, alignements…). Je les définirais comme une période d’acclimatation, de prise de repères et de familiarisation.

Puis, la première semaine de mars, après avoir eu déjà plusieurs petits projets à gérer je commençais à être à l’aise avec les outils, que ce soit ceux de TAO ou de contrôle qualité. Je voyais un peu plus clairement le fonctionnement de l’entreprise et je me sentais capable d’aider sur de plus gros projets grâce aux précieux conseils et explications donnés par mes collègues, qui m’ont grandement épaulée dans la gestion de tous ces nouveaux outils informatiques.

Et c’est alors que le lundi 9 mars est arrivé, une journée qui avait bien commencé et qui me paraissait tout à fait normale. J’étais loin d’imaginer que cette journée allait bouleverser le reste de mon séjour en Andalousie.

Vers 11h une réunion est programmée afin de discuter tous ensemble de « l’éventualité de mettre en place du télétravail ». Je ne vais pas cacher que je me doutais qu’il s’agissait d’une mesure préventive avant l’arrivée plus importante du COVID-19 dans la région, puisque tous mes collègues suivaient l’avancée du virus à chaque déjeuner mais j’imaginais qu’il allait s’agir d’une première réunion à but informatif uniquement. Ce ne fut pas le cas, pas du tout même.

Nous avons discuté, échangé et pris en compte toutes les recommandations de la directrice de l’équipe qui ne voulait surtout pas nous effrayer mais seulement nous informer et prendre toutes les mesures possibles pour que nous restions en bonne santé. Elle nous a tout expliqué en détails et je me rappelle cette phrase qui m’a beaucoup marquée : « Dans deux semaines, nous serons comme l’Italie. » À ce moment-là, l’Italie était le pays le plus touché par la crise du COVID-19 et faisait la une de l’actualité chaque jour. À la fin de la réunion, on nous annonce que sur ordre du gouvernement de Pedro Sanchez, le télétravail est mis en place dès la semaine suivante, et ça a donc été le cas chez Tatutrad. En effet, c’est l’avantage des traducteurs qui bénéficient de la flexibilité du métier.

Je n’en revenais pas, j’ai ensuite prévenu ma famille car l’option de rentrer en France m’avait été proposée lors de la réunion. J’avais d’abord dit non puis je me suis vite rendu compte que je n’aurai pas vraiment le choix. Et effectivement le lundi suivant j’avais déjà atterri à Genève et regagné mon domicile, laissant mon logement tel quel à Séville, pensant pouvoir le regagner 2 semaines plus tard, comme évoqué dans l’entreprise. Le lendemain de mon départ, l’Espagne fermait ses frontières pour une durée qui s’étend maintenant à 7 semaines. La France et la Suisse ont fermé aussi, tout était bouleversé, différent, imprévu, indescriptible. Je n’ai jamais vécu une chose pareille, c’était invraisemblable et cela paraissait irréel.

L’idée du télétravail me stressait beaucoup car je venais à peine de me familiariser avec les logiciels sur place et j’avais l’impression de devoir tout recommencer à zéro. Et non, cela n’a pas été simple. Problème de clavier, de connexion, de licence, de manipulation sur logiciel, tout ça s’est enchainé et s’est rajouté à un télétravail déjà marqué par ce contexte de crise sanitaire mondiale, reposant sur du stress au quotidien. Et sans parler de ce confinement sans fin qui, associé à la crise ne favorisait pas un travail optimal et serein.

Cela fait bientôt deux mois que je continue mon stage à distance depuis la France et que l’Europe entière est fermée, que je suis confinée et que je garde l’espoir de retourner à Séville. Le déconfinement en France approche mais mon stage n’est pas fini et j’ignore tout ce qui est encore à venir. Chaque jour se ressemble, l’ennui est présent tout comme l’angoisse de ne rien pouvoir planifier et le manque des proches. Les journées sont longues et tout est incertain.

Cependant malgré ce contexte difficile, je continue à approfondir mes connaissances et prendre part à des projets et je suis infiniment reconnaissante envers toute l’équipe de l’entreprise Tatutrad, sa directrice Mme. Rosario de Zayas Rueda ainsi que mon tuteur de stage M. Alejandro Rodriguez, qui m’accompagnent chaque jour dans ma progression et me permettent de poursuivre mon stage à distance grâce à tout ce qui a été mis en place.

Auteure : Valentine Madignier

Stagiaire étudiante à l’Université Catholique de Lyon (France)

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